TOURCOING (59) : L'UNION LOCALE CGT DENONCE LA CASSE SOCIALE QUI BRISE L'HUMAIN. TEMOIGNAGES POIGNANTS DE SALARIES VICTIMES DE TRUANDS DU PATRONAT

Publié le par Tourtaux

Malaises chez les salariés : la CGT dénonce le développement de la « casse sociale »

lundi 30.01.2012, 05:28  - La Voix du Nord

 Samuel Meegens (à gauche) et les militants de la CGT se mobilisent contre «la casse sociale». Samuel Meegens (à gauche) et les militants de la CGT se mobilisent contre «la casse sociale».
|  ON EN PARLE |

Agacée que la « casse sociale » reste confinée dans ses bureaux, l'Union locale de la CGT de Tourcoing a décidé de révéler au grand jour quelques cas symptomatiques. Des histoires de travailleurs et de travailleuses qui s'estiment injustement licenciés ou exploités et préféreraient reprendre leur boulot plutôt que de saisir les prud'hommes.

 

PAR BARBARA FIRCOWICZ

tourcoing@lavoixdunord.fr

 

 

L'Union locale de la CGT de Tourcoing a décidé de frapper fort. Samedi, dans leurs bureaux, les cégétistes ont organisé une rencontre avec des salariés licenciés ou congédiés. « Tous les jours on voit arriver des gens cassés, qui viennent en désespoir de cause , s'insurge Samuel Meegens, secrétaire général de l'Union locale CGT de Tourcoing. On se retrouve confrontés à des gens fragilisés, à des situations qu'on ne devrait pas avoir à gérer. Notre vocation première c'est d'organiser des luttes collectives ». Excédés par cette « énorme et trop lourde responsabilité », les cégétistes ont décidé « de mettre tout ça sur la place publique pour que tout le monde sache ! ».

 

1 Restauration. Christina Six a été employée dans le nouveau restaurant J &J Sushi « sans contrat de travail pendant un peu plus d'un mois (...) Ils m'ont payé 75 E la première semaine », dit-elle. Ensuite, elle a noté ses heures et réclamé 200 E. Son patron a refusé. « Il m'a congédiée ». Mais Jean Zhang, responsable du restaurant, conteste cette version. « Elle n'a jamais travaillé ici, elle est juste venue et a regardé, mais on s'est vite rendu compte qu'elle ne conviendrait pas. » Il s'offusque de son ingratitude. « Comme elle avait donné un petit coup de main, on a été gentils, on l'a indemnisée, mais il n'a jamais été question qu'elle travaille ici ». Samuel Meegens n'en croit pas un mot et rappelle que « même pour une période d'essai le salarié doit avoir un contrat ».

 

2 Hôtellerie. Autre cas, celui de Sonia, salariée en CDI à l'hôtel Lemon de Tourcoing. Absente lors de la rencontre pour cause de maladie, elle explique sa situation au téléphone. En conflit ouvert avec un salarié, elle assure avoir subi « des pressions et des réprimandes ». Mais elle indique que « les problèmes ont commencé quand j'ai osé réclamer mes droits ». Une mutuelle prélevée alors que l'affiliation n'existe pas, neuf jours de travail consécutifs, Sonia proteste et envoie des courriers au directeur à Paris. Le climat sur son lieu de travail se serait alors dégradé jusqu'au jour où elle a finalement invoqué son droit de retrait « parce que j'avais été insultée et menacée. J'étais choquée ». S'ensuit « une mise à pied conservatoire d'un mois et un rendez-vous pour un entretien préalable au licenciement ». Là encore, le directeur salarié de l'hôtel récuse : « C'est elle qui a menacé ses collègues et son mari est même venu menacer un salarié !

 ». Le directeur reconnaît qu'il n'a rien à lui reprocher concernant son travail. « Le problème, c'est son caractère ».

Il a connaissance de tensions entre les deux salariés mais pour lui « ce sont des gamineries (...) Ils se détestent mais ils ne travaillent pas en même temps ». Quant à ses revendications, il jure : « Ça ne lui est pas reproché ». Mais Samuel Meegens pointe qu'« il a fallu l'intervention de l'inspection du travail pour que le problème de mutuelle soit réglé et son dernier salaire versé ».

 

3 Bâtiment. Jonathan Falsone, lui, se dit tout simplement « abattu ». Il vient d'être licencié de chez Quatannens - spécialisé dans la plomberie, le chauffage et la ventilation - où il travaillait depuis neuf ans. « À 16 ans, je suis arrivé en contrat d'apprentissage, j'ai obtenu mon diplôme, j'ai été embauché et on se moque de tout mon investissement ? » Il dit avoir été licencié pour avoir refusé de faire un déplacement. « J'avais accepté de faire des déplacements même si je n'ai touché aucune prime mais un vendredi, à 15 h 45, on m'a averti d'un nouveau déplacement pour le lundi, c'était un peu court pour m'organiser car j'ai une famille. » Après une mise à pied conservatoire d'un mois, il a reçu sa lettre de licenciement. Un de ses collègues serait dans la même situation pour la même raison (*).

Si chacun défend son point de vue, ces témoignages expriment néanmoins un malaise certain. La balle est désormais dans le camp du conseil des prud'hommes.

(*) Le nouvel actionnaire majoritaire de Quatannens a fait dire par sa secrétaire qu'il n'avait « pas le temps de (nous) parler ».

 

http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Tourcoing/actualite/Secteur_Tourcoing/2012/01/30/article_malaises-chez-les-salaries-la-cgt-denonc.shtml

Publié dans Lutte des classes

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