ULTIME HOMMAGE A UN JUSTE, HAJO MEYER, RESCAPE D'AUSCHWITZ, TRES ENGAGE DANS LA LUTTE CONTRE LE COLONIALISME ISRAELIEN

Publié le par Tourtaux

Hommage à Hajo Meyer
lundi 25 août 2014

 

C’est avec une grande tristesse que nous apprenons que notre ami, un juste parmi les justes, Hajo Meyer, survivant d’Auschwitz, très engagé dans la lutte contre le colonialisme israélien, vient de s’éteindre à l’âge de 89 ans.

 


Hajo Meyer est quelqu’un qui ne mâchait pas ses mots et ne se gênait pas pour parler de génocide concernant la politique sioniste. Partisan du boycott d’Israël, Hajo Meyer ne s’était pas fait prier pour venir des Pays-Bas où il résidait, afin de témoigner en soutien à Olivia Zémor, lors de son procès BDS, en juin 2011, à Paris.

Nous écrivions au lendemain de ce procès intenté par le gouvernement, à la demande du lobby israélien :

« Merci à Hajo Meyer, survivant juif d’Auschwitz aujourd’hui âgé de 86 ans, venu d’Amsterdam en Hollande. Après avoir dénoncé l’odieux amalgame pratiqué par les dirigeants israéliens entre antisionisme et antisémitisme, témoin de l’avènement du régime hitlérien dans son Allemagne natale, Hajo s’attacha à argumenter son soutien au boycott d’Israël, notamment le boycott de ses institutions universitaires.

L’université israélienne, exposa-t-il, porte une lourde responsabilité dans la fabrication du poison raciste qui infeste la société israélienne, et des outils de répression « scientifique » aux mains de l’armée. Sa complicité est encore plus grande quand on sait qu’elle n’a jamais levé le petit doigt pour s’opposer à la politique de l’armée d’occupation pour empêcher la jeunesse palestinienne d’exercer son droit fondamental à l’éducation. »

Auteur du livre “La fin du judaïsme”, Hajo Meyer est né en 1924 à Bielefeld, en Allemagne. En 1939, à 14 ans, il fuit en Hollande. Un an plus tard, quand l’Allemagne occupe la Hollande, il vit caché avec une fausse carte d’identité bricolée. Meyer a été arrêté par la Gestapo en mars 1944 et déporté une semaine après au camp de concentration d’Auschwitz. Il est l’un des derniers survivants d’Auschwitz.

Il déclarait dans une interview réalisée par Adri Nieuhof : "J’ai dû quitter l’école après la Nuit de Cristal (le pogrom de deux jours contre les juifs d’Allemagne) en novembre 1938. Ce fut une expérience terrible pour un jeune garçon curieux, et pour ses parents. Voilà pourquoi je ne peux m’identifier en aucun cas avec les criminels qui rendent impossible à la jeunesse palestinienne d’aller à l’école.

Et en réponse à la question « Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre, “La fin du Judaïsme” ? Il répondait : Dans le passé, les media ont abondamment écrit sur les politiciens d’extrême-droite, comme Joerg Haider en Autriche, et Jean-Marie Le Pen en France. Mais quand Ariel Sharon a été élu premier ministre d’Israël, en 2001, les media sont restés muets. Et dans les années 80, j’avais compris la pensée profondément fasciste de ces politiciens. Avec ce livre, j’ai voulu prendre mes distances avec tout ça. J’ai été élevé dans le judaïsme, avec au coeur l’égalité des relations entre les êtres humains. Je n’ai appris l’existence d’un judaïsme nationaliste que lorsque j’ai entendu dans des interviews, les colons défendre leur droit à harceler les Palestiniens. Des gens appartenant à certains groupes qui déshumanisent des gens qui appartiennent à un autre groupe peuvent se comporter ainsi, parce qu’ils l’ont appris soit de leurs parents, soit parce qu’ils ont subi un lavage de cerveau de la part de leurs dirigeants politiques. C’est ce qui est arrivé pendant des dizaines d’années en Israël, pendant qu’ils instrumentalisaient l’Holocauste selon leurs intérêts politiques. Sur le long cours, ce pays est en train de s’autodétruire en poussant les citoyens juifs à devenir paranoïaques. J’ai toujours trouvé insupportable qu’Israël, utilisant l’imposture, se proclame Etat juif, alors qu’il est en fait sioniste. Il veut le maximum de territoire avec un minimum de Palestiniens. J’ai quatre grands-parents juifs. Je suis athée. Je partage l’héritage socio-culturel juif et j’ai appris ce qu’est l’éthique juive. Je n’ai pas envie d’être représenté par un état sioniste. Ils n’ont aucune idée de ce qu’est l’Holocauste. Ils utilisent l’Holocauste pour propager la paranoïa dans la tête de leurs enfants. »

Il disait aussi : "Je n’ai jamais été sioniste. Après la guerre, les juifs sionistes parlaient du miracle d’avoir “notre pays à nous”. En tant qu’athée viscéral, je me suis dit, si c’est un miracle de Dieu, que n’a-t-il réalisé ce miracle en créant l’état 15 ans plus tôt ? Alors mes parents ne seraient pas morts. Je peux dresser une liste interminable de similitudes entre l’Allemagne nazie et Israël. Saisie de terres et de propriétés, interdiction faite aux populations palestiniennes d’accéder à l’éducation et restrictions aux moyens de gagner sa vie pour détruire l’espoir, tout cela dans le but de chasser le peuple de sa terre. Et ce que je trouve particulièrement scandaleux, c’est de créer des circonstances amenant les gens à s’entretuer, en semant la discorde, en élargissant le fossé entre les populations - comme Israël le fait à Gaza.

Et à propos du « camp de la paix israélien » : "Evidemment c’est positif quand des secteurs de la population juive d’Israël essaient de considérer les Palestiniens comme des êtres humains et comme leurs égaux. Pourtant, ce qui me trouble, c’est que le nombre de ces protestations n’est pas plus épais qu’une une feuille de papier, et qu’elles ne sont pas vraiment antisionistes. Nous avons multiplié les études sur ce qui est arrivé dans l’Allemagne d’Hitler. Si vous aviez exprimé ne fut-ce que la plus infime allusion critique à l’époque, vous finissiez au camp de concentration de Dachau. Si vous critiquiez, vous étiez mort. Les Juifs d’Israël ont des droits démocratiques. Ils peuvent manifester dans les rues, mais ils ne le font pas.

(Inteview publiée par electronicintifada.net et traduite par Carole SANDREL pour CAPJPO-EuroPalestine en 2010.)

Hajo Meyer avait signé, juste avant sa mort, la lettre des survivants du genocide juifs contre les massacres israéliens à Gaza, lettre qui a été publiée récemment par le New York Times, puis reprise par le quotidien israélien Haaretz.

Nous sommes très tristes.

 

CAPJPO-EuroPalestine

 

  
  
 

Publié dans Lutte des classes

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
Un juste ne meurt jamais il reste toujours vivant par le travail fourni et souvent à contre courant...<br /> Ce juste nommé Hajo Meyer a refusé le "confort" des lâches, des opportunistes et des collaborateurs aux services criminels et des détenteurs de la finance.<br /> Hajo est toujours vivant...
Répondre
T
<br /> <br /> Bonjour Hamid, les Justes rament souvent à contre-courant et prennent des risques qui n'effleurent même pas l'esprit des opportunistes prêts aux pires collaborations pour satisfaire leur égo.<br /> <br /> <br /> Tu as raison de dire que les opportunistes sont des lâches. Un triste exemple de "révolutionnaires" opportunistes illustre le drame qui frappe de plein fouet les camarades militants CGT <br /> LUTTES DE CLASSE du syndicat CGT du Conseil général du Nord.<br /> <br /> <br /> <br />