GUADELOUPE : CE QUE LE PEUPLE A DEJA CONCRETEMENT GAGNE PAR LA LUTTE

Publié le par Tourtaux

Les acquis du mouvement

CE QU’ON A DÉJÀ GAGNÉ, CONCRÈTEMENT


 

Mercredi 04 mars 2009 restera une grande date dans l'histoire internationale des luttes des travailleurs. Il serait amusant de reprendre les déclarations pleines d'ironie prononcées au début du conflit social en Guadeloupe, concernant la plateforme de revendications du LKP. "Fantaisiste", "surréaliste", "irréalisable", etc.; on a tout entendu dans la bouche de gens plein d'assurance, ne cachant pas un certain mépris pour cette agitation populaire, envers les pauvres diables n'ayant par la capacité d'analyse qu'eux ont et qui allaient se faire manipuler par un collectif ne cherchant qu'à destabiliser la Guadeloupe tout en sachant très bien que les revendications n'aurait aucune chance d'aboutir.


Combien de fois ai-je lu ou entendu ce laïus décliné à toutes les sauces ? Aux tenants de l'inertie, du cynisme et du fatalisme assumé, si prompts à justifier, au nom du "principe de réalité" qu'on balance des milliards aux banques ou en cadeaux fiscaux aux plus riches mais qui brandissent l'épouvantail du populisme sitôt que certains ont l'impudence de parler de justice sociale pour le plus grand nombre, je dis ceci : l'étendue des victoires arrachées de haute lutte est plus parlante que n'importe quel discours ou argument qu'on pourrait vous opposer. Je laisse donc parler les premiers résultats, points acquis figurant dans l'accord du 4 mars en plus de l'accord Bino prévoyant 200 euros d'augmentation pour les bas-salaires :


Contre toutes les formes d'exploitation (photo FG)

50€ seulement par lycéen et par an pour des cantines scolaires qui proposeront désormais plus de 50% de produits issus de l’agriculture locale, 300 euros de primes exceptionnelles versés au plus bas-revenu avant juin 2009 ; 3 millions d’aide pour les personnes âgées et les adultes handicapés, 200 euros d’augmentation pour les bourses des étudiants, baisse de la taxe d’habitation de 9% et de 7% pour le foncier bâti ; baisse considérable des prix sur 100 familles de produits de 1ère nécessité, baisse du prix des frais bancaires, baisse déjà opérée de 43 centimes du prix de l’essence, baisse significative du prix de l’eau, la baisse de 20% du prix des transports en commun, etc. Seule augmentation prévue, celle du nombre d’inspecteurs et contrôleurs de la concurrence et de la répression des fraudes pour veiller au bon respect des points obtenus par la mobilisation générale.


 

Mais contrairement à ce que prétendent la plupart des médias nationaux, ce mouvement n’est pas qu’un mouvement contre la vie chère et un bon nombre de mesures phares ont également été remportées dans des domaines très variés comme : la réorientation partielle de la défiscalisation vers le logement social, la construction de 3000 logements sociaux, le recrutement d’enseignants restés sur liste complémentaire, de gros efforts en terme de formation professionnelle, la reconstruction du CHU, vétuste, le versement de 13 millions d’euros pour diminuer dans le domaine agricole, le coût des matières premières entrant dans la fabrication de produits locaux, une aide de 700 000 € pour aider les pêcheurs, la préservation d’au moins 50 000 hectares de surface agricole incompressible, une aide au secteur hôtelier en crise, notamment pour la rénovation ; le double fléchage en français et en créole dans les bâtiments publics, plus de programmes en créole et de création d’œuvres de culture guadeloupéenne sur RFO, etc.


 

"Ce n'est pas la rue qui gouverne" assénait Raffarin en son temps... Quel gouvernant peut se prévaloir de résultats pareils? L'accord qui a été signé en Guadeloupe le 04 mars montre que quand le peuple est uni, déterminé autour d'un projet collectif et légitime, il redevient maître de son destin et réalise ce qu'on lui vendait comme impossible. Le LKP a réinventé le goût de l'utopie, de l'espoir, il a redonné du sens à l'action politique, il a montré au monde comment redresser la tête plutôt que d'écouter ces gens gris qui dans la classe politique, les médias, le patronat, ne nous enseignent qu'à courber l'échine, en disant merci qui plus est.

manif du Moule, 40 000 personnes au moins (photo FG)


On nous a dit que les méthodes du LKP étaient inacceptables. Oui on a contraint des patrons à baisser leur volet, ô l' odieux crime que celui d'entraver la course aux profits ! J'aimerais que ceux qui nous rabâchent depuis un mois et demi les oreilles pour nous dire que s'ils approuvent l'essentiel des revendications du LKP, ils en rejetent les méthodes, que ceux-là nous expliquent, en dehors du rapport de force social, comment la majorité peut se faire entendre. Quelle autre méthode aurait pu permettre ce résultat? Par les élections? On a élu un type qui nous promettait le pouvoir d'achat et si ce n'était par la mobilisation du peuple, ces promesses seraient restées bien vaines en Guadeloupe. Sarkozy nous y à fait rêver, le LKP l'a fait !


En voyant que politiquement et économiquement, les travailleurs sont en train de donner une leçon de ce qu'est véritablement la démocratie (pas celle qui consiste à déposer un buletin dans une urne pour avoir le choix entre un Sarkozy ou une Ségolène Royal et à rentrer chez soi jusqu'aux prochaines élections, mais le fait de changer les choses par le peuple et pour le peuple), les élites de tous poils s'effrayent. Remise en cause des rouages bien huilés de la démocratie représentative; le peuple qui prétend avoir droit au chapitre, réclame sa part des richesses de ce pays, et veut, subversion suprême, imposer sa volonté à ceux qui dominent nos vies et ne sont qu'une poignée; risque de propagation aux autres départements d'outre-mer, à l'hexagone, à l'europe, et c'est tout un système capitaliste déjà bien affaibli qui vacille sur sa base depuis que la petite Guadeloupe a tapé du poing sur la table et a dit "ça suffit !".


Alors on essaye de changer de terrain car on sait que sur celui-là, on va se ramasser. On accuse le LKP, Domota, de racisme. Est-ce que celui, dans les années 80, qui dénonçait que le pouvoir était exclusivement blanc en Afrique du Sud, se voyait taxer de racisme anti-blanc? Bien sûr et fort heureusement la Guadeloupe n'est pas l'Afrique du Sud mais c'est être aveugle ou d'une mauvaise foi sans borne de prétendre que les rapports sociaux ne sont pas encore conditionnés ici et aujourd'hui par des considérations raciales. héritées du colonialisme. Si réclamer plus de diversité en dénonçant la suprématie d'une couleur sur une autre est du racisme, alors il va sérieusement falloir que je revois ma définition de ce qu'est le racisme.


Manifestation Pointe-à-Pitre (photo FG)


Il reste encore beaucoup de combats à mener, sur la question des discrimination notamment, des négociations continuent sur des points qu'on a estimé moins urgents et de nombreux patrons du MEDEF n'ont toujours pas signé l'accord Jacques Bino sur l'augmentation de 200 euros des bas-salaires.Poursuivons la mobilisation mais n'oublions pas non plus que la première révolution à mener est celle des consciences : nous pouvons changer nos propres comportements, par rapport à la consommation, par exemple. Evitons de retourner, autant que possible, chez les profiteurs ! Soyons cohérents, soyons conséquents !


FRédéric Gircour (trikess2002@yahoo.fr)

Source : http://chien-creole.blospot.com/

Publié dans Lutte des classes

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T
Rachid,<br /> <br /> Mon tel : 03.26.40.62.15.<br /> <br /> A bientôt.<br /> <br /> Jacques Tourtaux
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T
Bonsoir Djerari Laurence et Rachid,<br /> <br /> Que tout cela est bien dit. <br /> Vous savez mes amis dont toi le grand papy, que ce matin j'ai passé une heure merveilleuse qui m'a fait chaud au coeur. Deux étudiants dont un originaire d'Annaba et leur professeur cameraman sont venus m'auditionner sur "ma" Guerre d'Algérie. Ce n'est pas la première fois que cela m'arrive, mais un tel engouement, cette soif de savoir, cela était formidable. Ils m'ont demandé si je voulais bien qu'ils reviennent pour une audition radio.<br /> Ces jeunes avec leur prof, visiblement ravis d'avoir discuté avec un authentique anticolonialiste, cela faisait vraiment plaisir.<br /> <br /> Dès que j'ai un instant, je vous appelle à ST Leu. <br /> <br /> Amicalement.<br /> <br /> Jacques Tourtaux
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R
En fait, je suis natif de la ville d'ISTRES.<br /> <br /> Et puis,<br /> comme on dit chez moi. <br /> le plus beau des pays ? <br /> C'est le pays de ton enfance ! <br /> <br /> Aujourd'hui, je suis grand-père.<br /> Et même si, <br /> j'habite à l'île de la Réunion. <br /> Et même si,<br /> je travaille dans la zone Océan indien...<br /> <br /> "J'ai pas besoin d'être là, physiquement pour être présent !" <br /> c'est notre ralliemment.On est un groupe de "grands-Frères" de ce quartier, <br /> à vivre à distance de nos parents et de nos petits frères(entre Stockolm et So.We.To))<br /> <br /> <br /> On sait de part nos expériences, <br /> que le noir et le blanc ne sont pas roses....<br /> <br /> <br /> Il va falloir qu'il ne doute plus de nous !<br /> Il n'existe pas de communautés qui s'est mis à l'écart.Il existe des communautés voire des individus que l'on a mis à l'écart.<br /> <br /> <br /> ça recommence et ça continue ! <br /> "Rachid de l'île de La Réunion... <br /> à Istres".C'est toujours pareil !<br /> Le Nord et le Sud.<br /> <br /> <br /> <br /> (tel/fax : 02 62 34 61 43 au cas où tu veux que l'on t'envoie les infos en direct-live. Je sais pas où tu habites mais tu peux m'envoyer une carte postale de ta région à:<br /> Djerari laurence et rachid 169, bis rue Adrien Lagourgue. Résidence Les Baies Roses <br /> 97424 Saint Leu)<br /> <br /> Merci pour tous.
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T
A Rachid de l'île de la Réunion d'Istres,<br /> <br /> Et bien non Rachid, je n'ai pas d'autres informations. <br /> Les photos seront les bienvenues.<br /> <br /> J. Tourtaux
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R
APRES LES EMEUTES DE HIER SOIR AU CHAUDRON ET AU PORT....l'Etat se cague !<br /> <br /> <br /> Salaires : État et patronat mettent 150 euros sur la table.<br /> <br /> Après une journée d’interruption, pour cause de mobilisation générale, les négociations salariales ont repris hier. Le Collectif attendait un éclairage du Medef comme de la CGPME sur leur proposition de 50 euros d’augmentation des bas salaires. <br /> Région et Département ne souhaitent pas participer au montage financier.<br /> <br /> <br /> Alors qu’il évoquait lundi l’idée d’une prime exceptionnelle de 50 euros, le Medef a redit hier vouloir mettre jusqu’à 50 euros d’augmentation, mais sous forme “de complément de rémunération”. Une mesure qui s’étalerait sur 3 ans (et non plus 2 ans) sur la base des exonérations de charges sociales accordées par l’État aux entreprises. La Confédération des petites et moyennes entreprises, la CGPME, a annoncé qu’elle participait également au moins à hauteur de 50 euros par le biais d’un accord d’intéressement dans les petites et moyennes entreprises. Le dispositif s’étalerait jusqu’au 30 juin. Au-delà de cette date, les entreprises qui n’auront pas voulu ou pas pu passer cet accord, “verront les 50 euros de hausse s’imposer à elles”, a dit le préfet. <br /> <br /> Fait notable, les collectivités locales - Région et Département - n’étaient pas représentées. <br /> <br /> Les négociations ont donc porté sur 150 euros d’augmentation et non pas 200 euros, comme le réclame encore le Cospar. Le Collectif a quitté la préfecture pour consulter sa base avant de prendre une décision. De toute façon les chances d’une percée semblaient minces dès hier. Un nouveau rendez-vous est prévu aujourd’hui, en préfecture, à 15 heures.<br /> <br /> Et les collectivités ?<br /> <br /> À l’issue des discussions, le Cospar ne s’est pas montré très loquace, indiquant simplement qu’il maintenait sa revendication : <br /> une augmentation de 200 euros sur les bas salaires. Regrettant l’absence des collectivités, le Cospar a aussi indiqué que les discussions salariales devaient continuer pour les minimas sociaux, les petites retraites et les bourses étudiantes. <br /> Le représentant du Medef, François Caillé, a expliqué que son organisation patronale “avait répondu très clairement à ce qui lui avait été demandé. Le patronat ne pourra pas aller au-delà de 50 euros”, a-t-il dit aussi. “C’est une augmentation très significative, cela représente une hausse de 15% sur un Smic, c’est du jamais vu”. De son côté, la CGPME a souligné que la confédération avait “tout mis sur la table”. Tous deux ont par ailleurs contesté le fait que les collectivités n’envisageaient pas de participer à l’effort financier. Le préfet a lui aussi déploré leur absence à la table des discussions. <br /> <br /> Résultat : le Cospar se dirige vers un accord prévoyant 150 euros d’augmentation. 50 euros de la part du patronat et 100 euros à la charge de l’État. Pierre-Henry Maccioni (Le Préfet) nourrissait hier l’espoir d’un accord rapide sur les salaires, pourquoi pas dès cet après-midi. Dans le cas contraire, le préfet a aussi indiqué qu’il proposera aux syndicats de salariés composant le Cospar de signer un accord partenarial séparé avec le Medef en vue ensuite d’une extension à toutes les entreprises, même les plus petites. “J’appuirai personnellement l’extension”, a-t-il ajouté<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Le préfet veut un accord dans les 48 heures<br /> <br /> “Nous devons tout faire, tout négocier, tout mettre sur la table pour parvenir à un accord dans les 48 heures”. Avec fermeté, le préfet a rappelé hier combien il était urgent, dans le contexte explosif actuel, d’arriver à un accord salarial au plus vite. “Je me rallierai à l’appel lancé par le maire de Saint-Denis qui souhaite qu’un accord soit conclu sous 48 heures”, a dit Pierre Henry Maccioni, peu avant le début de la table ronde sur les salaires, hier après-midi. “Je n’ai jamais confondu les manifestations qui sont légitimes et démocratiques avec les actes inconsidérés de certains individus”, a indiqué le préfet, à l’adresse des membres du Cospar et des représentants du patronat. “Nous avons fait des progrès sur les prix, la question du logement et des salaires. Nous avons fait en cinq jours plus que ce qui a été fait en six semaines en Guadeloupe”, a indiqué le préfet, en fin de journée. “Il est temps de rétablir le calme et la sérénité à la Réunion en trouvant un accord”, a-t-il conclu. Souhaitant également une sortie “rapide et vers le haut”, le Cospar ne veut pas pour autant aller trop vite. “Il vaut mieux un accord un peu long qu’un accord bâclé”, a déclaré hier Jean-Pierre Rivière. “Il est hors de question de signer n’importe quoi sous la pression, sous prétexte que le climat est tendu. L’enjeu est trop important”.<br /> <br /> Rachid de l'île de La Réunion<br /> (as-tu les mêmes infos ? Vous ont-ils parlé des émeutes et du nombres de godasses qua reçu le patron du Medef ? je vais t'envoyer des photos)
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