SNCF : FACE A L'ATTAQUE ODIEUSE ET INOUIE DU TRES ZELE ATTALI CONTRE LES CHEMINOTS LA CGT REAGIT !!

Publié le par Tourtaux


Vendredi 21 août 2009
Montreuil, le 19 Août 2009

Monsieur Jacques ATTALI
Président
A & A

54 rue du Fg St Honoré
75008  PARIS

Et également

Monsieur Jacques ATTALI
P
résident
 PLANET FINANCE
13 rue Dieumegard
93400  ST OUEN


Monsieur, 

La contribution titrée  « Fusionner SNCF et BUNDESBAHN » que vous avez fait paraître sur le site du journal « L’express », en date du 09 juillet dernier, a suscité parmi la population cheminote nombre d’interrogations, mais aussi colère et indignation, à propos notamment de votre conclusion. 

D’entrée nous attirons votre attention sur le fait que la BUNDESBAHN existait avant la réunification des deux Allemagnes et que depuis, il s’agit de la Die Bahn (DB), comme entreprise organisant le transport ferroviaire et autres activités connexes. 

Vous indiquez, pour semble t-il le déplorer, que les deux entreprises DB et SNCF se livrent à une concurrence sauvage. 

Vous êtes bien placé  pour le savoir, cet état de fait résulte de la conjonction des politiques libérales nationales et de l’Union Européenne qui ne voient, de façon dogmatique, l’avenir des activités qu’au travers la libéralisation, la concurrence frontale et la déréglementation. 

Les coopérations utiles, efficaces, répondant mieux à l’intérêt général portées par la Die Bahn et la SNCF en matière de transport de voyageurs et de marchandises sont bannies et condamnées par les intégristes du libéralisme de la Commission Européenne. 

Et cela au nom du dogme car discriminatoire vis-à-vis de la concurrence libre et non faussée dont vous êtes, semble t-il, un adepte ! 

De ce point de vue, les citoyens/salariés s’interrogent et se détournent de plus en plus du fait européen, de la construction européenne au moment où l’Europe de par ses politiques traduites, entre autres, par des directives et règlements est de plus en plus présente dans le quotidien des citoyens. 

Ce n’est pas l’Europe en tant que telle qui est en cause mais bien la nature politique de sa construction ! 

Pour exercer des responsabilités syndicales au niveau de l’Europe et à l’échelle internationale et après avoir présidé le Comité de Dialogue Social Européen au niveau des chemins de fer, je sais mesurer les dégâts socio-économiques engendrés par ces politiques qui au nom du libéralisme cassent les monopoles publics pour reconstituer des oligopoles privés comme on l’a vu dans nombre de secteurs d’activités, dans les transports singulièrement. 

Pour avoir donné  dans les premiers au chapitre Euro grève, le 27 octobre 1992, et depuis dans bien des luttes, les cheminots connaissent l’enjeu de cet affrontement. Ils savent aussi la réalité de promesses formulées à l’époque : « acceptez le traité de Maastricht et nous ferons l’Europe sociale tout de suite après ». 

17 ans déjà, et qui peut décemment prétendre que ce ne sont pas les directives européennes de déréglementation et le cadre coercitif du pacte de stabilité qui conduisent aujourd’hui à dégrader notre quotidien avec la fermeture de bureaux de poste, de services hospitaliers, d’écoles, de gares, la privatisation galopante d’EDF/GDF… ?  

Qui peut prétendre que cette politique n’a pas montré ses limites voire ses dangers dans des domaines aussi essentiels que l’éducation, la santé, les transports, les télécommunications, l’énergie et dans d’autres secteurs d’activités comme la pêche et l’agriculture… ?  

Poursuivre dans cette voie procède d’un parti pris, mais sûrement pas de l’aspiration à vivre mieux et d’une volonté de moderniser, de développer les services publics et de répondre à l’intérêt général. 

C’est donc bien la nature de ces politiques là qui n’ont de cesse de mettre en concurrence les pays, les peuples, les salariés qui ont conduit les Français à rejeter majoritairement le Traité Constitutionnel Européen, le 29 mai 2005, et à une progression de l’abstention (60%) lors des élections européennes du 07 juin 2009, sanctionnant de ce fait à notre sens, ceux qui poussent l’ultralibéralisme dans les institutions européennes et nationales. 

Nous serons encore plus solennels pour évoquer votre conclusion. 

Nous vous citons : 

« Enfin, cette fusion serait, avec plus de soixante cinq ans de retard, la meilleure réponse à l’Histoire, qui permit à des trains français, appartenant à la SNCF à peine créée et conduits par des cheminots français, d’emmener des gens de toute la France, de Bordeaux ou de Marseille, jusqu’à Drancy, Beaune-la-Rolande et Pithiviers, puis jusqu’à Auschwitz, en Pologne, en traversant l’Allemagne. » 

Comment une personnalité de votre rang peut-elle justifier la fusion des deux entreprises ferroviaires Allemande et Française en invoquant une période sombre de l’Histoire, stigmatisant au passage, sans distinction, sans discernement, la corporation des cheminots français !? 

Il va sans dire, Monsieur ATTALI, que votre « sortie », suscite de nombreuses réactions indignées parmi la population cheminote et au-delà. 

Elle s’ajoute à celles de ceux qui, au travers de procès en justice notamment, portant sur l’attitude de la SNCF à propos des convois par chemins de fer des déportés juifs, tentent de réécrire l’Histoire, visant la corporation des cheminots et l’image de résistance incontestée qui lui est attachée. 

Qu’il y ait eu au sein de la SNCF des collaborateurs zélés et des agents obéissants vis-à-vis du gouvernement de Vichy et des occupants allemands qui doublaient la hiérarchie dans les emprises ferroviaires, c’est l’évidence même. Des représentants de la SNCF ont notamment participé à l’élaboration des conditions techniques (horaires, matériels) des transports de déportation. Que la corporation dans sa plus large composition se soit particulièrement distinguée par des actes de résistance, de désobéissance, de désorganisation et de sabotages des transports, malgré un attachement légendaire à leur outil de travail, est une autre évidence.  

Unis par leur statut depuis 1938 les cheminots sont porteurs d’un esprit de solidarité et de lutte, valeurs qui, dès l’occupation, structurent de manière prépondérante une conscience de résistance reconnue historiquement et politiquement. 

A cet égard, le déclenchement de la grève insurrectionnelle des cheminots du 10 Août 1944 donnait le signal du soulèvement du peuple parisien qui fut décisif dans la Libération de Paris. Cette grève insurrectionnelle est la seule grève qui est officiellement et annuellement commémorée avec les honneurs militaires, par une cérémonie à l’Arc de Triomphe. 

Rappelons qu’en hommage aux mérites civiques et militaires des cheminots dont la seconde guerre a coûté la vie à 8 938 cheminots dont parmi eux 809 fusillés, massacrés, 1157 morts en déportation et 15 977 blessés pour faits de résistance, la SNCF reçut le 30 octobre 1949 la Légion d’Honneur et la Croix de guerre avec palmes. 

Voilà résumées, Monsieur ATTALI, les appréciations et réflexions que nous a inspiré votre tribune sur le site du journal l’Express et en lien avec les interpellations dont nous sommes l’objet à ce sujet. 

Votre navigateur ne gère peut-être pas l'affichage de cette image. Nul doute que vous aurez à cœur de répondre à notre courrier, dans l’attente, veuillez agréer, Monsieur, l’expression de nos salutations distinguées.

 


Didier LE RESTE

Secrétaire Général

Par Syndicat CGT des cheminots de Reims

Publié dans Lutte des classes

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Over-blog s'honorerait de publier correctement le communiqué personnel que j'ai écrit et qui précède cet article.<br /> L'Honneur de nos Résistants commande la décence et le respect qui leurs sont dûs en vertu des services qu'ils ont rendu à la Nation.
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