A L'ONU, VOTE ECRASANT CONTRE LE BLOCUS ECONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER DES ETATS-UNIS CONTRE CUBA

Publié le par Tourtaux

N O U V E L L E S

La Havane. 13 Novembre 2012 

ONU : vote écrasant contre le blocus


La Résolution Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier des États-Unis contre Cuba a été adoptée aujourd’hui à l’ONU par 188 pays membres de cette organisation.

Lors de la session plénière de la 67e Assemblée générale des Nations Unies, retransmise en direct par la chaîne TeleSur, le texte a été rejeté par les États-Unis, Israël et Palaos, les îles Marshall et la Micronésie se sont abstenues.

 

 

INTERVENTION DE BRUNO RODRIGUEZ PARRILLA, MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES DE LA RÉPUBLIQUE DE CUBA, DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIS SUR LE POINT 41 : « NÉCESSITÉ DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER APPLIQUÉ À CUBA PAR LES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE », New York, 13 novembre 2012

 

Monsieur le Président,

 

Je tiens, au nom du peuple et du gouvernement cubains, à réitérer mes plus sincères condoléances au gouvernement et au peuple des Etats Unis, à la ville de New York, aux populations directement touchées et, en particulier, aux proches des victimes pour les pertes humaines et les graves dommages matériels qu’a provoqués le cyclone Sandy.

J’exprime aussi mes condoléances aux gouvernements et aux peuples des Bahamas, d’Haïti, de la Jamaïque, de la République dominicaine et du Canada pour ce même phénomène, ainsi qu’à ceux de Guatemala et du Mexique pour le récent tremblement de terre qui les a frappés.


 Monsieur le Président,


Le 6 avril 1960, Lester D. Mallory, secrétaire d’État adjoint, avait défini de la manière la plus concise, la plus exacte et la plus durable qui soit les objectifs du blocus imposé à Cuba : il faut créer « le désenchantement et la désaffection basés sur l’insatisfaction et les difficultés économiques. […] …il faut mettre en pratique au plus vite tous les moyens possibles pour affaiblir la vie économique de Cuba […] en refusant à Cuba de l’argent et des livraisons afin de réduire les salaires nominaux et réels, de provoquer la faim, le désespoir et le renversement du gouvernement. »

C’est à partir de cette vision que onze administrations étasuniennes ont suivi sans succès une politique inhumaine et anachronique sous les effets de laquelle sont nés 76 p. 100 des Cubains. Pourtant, notre pays n’a jamais été en état de guerre ni n’a réalisé d’actions hostiles contre les États-Unis, et n’a jamais permis que des actions terroristes y soient organisés contre le peuple étasunien.

En 2008, le candidat Obama avait enthousiasmé les Étasuniens par son énergie, ses origines et son slogan : « Oui, nous pouvons. » Trois mois après, désormais président, il avait annoncé « un nouveau départ avec Cuba » et affirmé : « Je crois que nous pouvons orienter les relations entre les États-Unis et Cuba dans une nouvelle direction et écrire un nouveau chapitre de rapprochement qui se poursuivra durant mon mandat. »

Or, de fait, ces quatre dernières années se sont caractérisées par une recrudescence persistante du blocus économique, commercial et financier, surtout dans ses dimensions extraterritoriales, bien que cette Assemblée générale ait voté, à une majorité grandissante et écrasante, un total de vingt résolutions consécutives réclamant la fin de cette politique.

La maintenir ne répond pas aux intérêts nationaux des États-Unis, au contraire : elle porte préjudice, surtout à cette époque de crise économique et de chômage élevé, aux intérêts de leurs citoyens et de leurs compagnies qui, d’après tous les sondages, demandent un changement de politique. Pourquoi restreindre les droits constitutionnels et civils et la liberté de déplacement des Étasuniens en leur interdisant de visiter notre île, alors qu’ils peuvent se rendre pourtant n’importe où dans le monde, et jusque dans les pays auxquels leur gouvernement fait la guerre ?

Pourquoi renoncer à un nouveau marché de onze millions de personnes ? Pourquoi continuer de dépenser des centaines de millions de dollars, tirés de la poche des contribuables, pour semer, d’une manière tout aussi illégale qu’inutile, la subversion à Cuba ? Pourquoi détériorer ses relations avec d’autres États, alliés y compris, en appliquant des mesures extraterritoriales qui violent le droit international ? Pourquoi aller à contre-courant de l’approche qui anime ses rapports économiques croissants avec des États à système politique différent ?

Le blocus lèse aussi les intérêts légitimes et discrimine l’émigration cubaine installé dans ce pays et dont la grande majorité est favorable à la normalisation des rapports avec sa nation. Il ôte de la crédibilité à la politique extérieure des États-Unis, provoque son isolement, leur fait appliquer des deux poids-deux mesures coûteux, ne leur a pas permis d’atteindre en cinquante ans les fins qu’ils poursuivent et  représente un écueil insurmontable dans leurs relations toujours plus inconfortables avec l’Amérique latine et les Caraïbes. S’il levait ce blocus, le gouvernement étasunien éviterait un discrédit accru de ses politiques humanitaires et cesserait d’être un violateur impénitent des droits humains des Cubains.

Ce même gouvernement pourrait s’abstenir d’inscrire notre État sur ses listes  illégitimes, comme celle qui nous qualifie de parrain du terrorisme, dans le seul but de justifier des mesures additionnelles contre nos transactions financières, ce qui sape l’efficacité et la crédibilité de la lutte internationale contre ce terrible fléau.

Il n’existe aucun motif légitime ou moral pour maintenir ce blocus ancré dans la Guerre froide. Il reste la seule arme d’une minorité toujours plus étriquée, isolée, violente et arrogante qui en fait son miel électoral, qui méprise les réclamations de la majorité et se refuse à accepter la volonté incoercible des Cubains de décider de leurs destinées.

Monsieur le Président,

Le recours à une rhétorique moins stridente et moins menaçante et l’application de mesures partielles visant à assouplir les voyages des Cubains et à en faciliter certains autres de nature universitaire, scientifique et culturelle ne sauraient pourtant occulter le  fait que l’administration Obama a durci le blocus ces quatre dernières années.

Le rapport du Secrétaire général, auquel une quantité significative de délégations et d’institutions spécialisées ici présentes ont contribué, atteste largement des préjudices multiples et divers causés non seulement à mon pays mais aussi à de nombreux gouvernements ici representés.

Ainsi, en novembre 2011, le département du Trésor a infligé une amende de 175 000 dollars à la succursale newyorkaise de la banque allemande Commerzbank pour avoir servi de consultante et de garante d’une personne naturelle cubaine dans le paiement à une compagnie canadienne.

En juin 2012, le département de la Justice a infligé une amende de 619 millions de dollars à la banque hollandaise ING pour prétendues violations du régime de sanctions imposées à Cuba et à d’autres pays. C’est là la l’amende la plus lourde jamais infligée dans l’histoire à une banque étrangère.

Abordant ce fait insolite, M. Adam Szubin, directeur de l’Office of Foreign Assets Control (OFAC), rattaché au département du Trésor, l’a justifié sur un ton menaçant : « Les sanctions légales reflètent nos principaux intérêts en matière de sécurité nationale et de politique extérieure, et l’OFAC les applique largement. Ce paiement historique doit servir d’avertissement clair à quiconque prétendrait tourner les prohibitions des États-Unis. »

Durant la première administration du président Obama, ces amendes se sont chiffrées à 2 259 732 000 dollars, soit le double de deux mandats de George W. Bush !

L’application du blocus dépasse toutes les bornes concevables : en décembre 2011, l’hôtel Hilton de Trinité-et-Tobago, propriété de ce pays et sous contrat de gérance avec la chaîne du même nom, a reçu des ordres catégoriques de l’OFAC d’interdire la tenue dans ses salons de la Quatrième Conférence au sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et de Cuba, ce qui a soulevé un tollé international et a constitué de l’irrespect à l’égard de toutes les nations caribéennes et de la communauté internationale.

En juillet 2012, deux directeurs de la filiale française de l’agence de voyage Carlson Wagon-lit Travel (CWT) ont été licenciés pour avoir vendu des voyages organisés vers Cuba. La société court le risque de devoir payer une amende de 38 000 dollars pour chaque voyage vendu.

Le 10 mai 2012, moins d’un an après avoir octroyé les premières autorisations, bien que très limitées,  concernant des voyages d’Étasuniens « à des fins éducationnelles pour des échanges peuple à peuple », le département du Trésor a interdit les excursions à des sites de loisirs et les transactions financières en rapport avec les activités touristiques, et promulgué de nouvelles mesures encore plus restrictives pour pouvoir vérifier que les itinéraires et les programmes s’ajustaient bien à la politique établie contre Cuba. Et il a annoncé en même temps que la violation de ces restrictions serait punie d’amendes de jusqu’à 65 000 dollars et de la suppression des autorisations.

Monsieur le Président,

Les dommages humains causés par le blocus sont immenses et incalculables : ce sont des souffrances, des pénuries, des difficultés qui touchent chaque famille, chaque fille et chaque garçon, chaque femme et chaque homme, chaque invalide, chaque personne âgée, chaque malade.

L’hôpital cardiologique pédiatrique William Soler ne dispose pas du Levosimendan, un médicament qui sert à traiter les problèmes cardiaques associés à la capacité de conctraction du cœur chez les petits enfants, parce qu’il est produit par les laboratoires Abbott qui a refusé de le livrer.

Le service de chirurgie cardiovasculaire de cet hôpital traite tous les ans de cent à cent dix enfants de moins d’un an qui, dans 95 p. 100 des cas, ont besoin d’un supplément nutritionnel pour pouvoir être soumis à une intervention garantissant un meilleur pronostic. Notre pays n’a pas accès aux suppléments nutritionnels à usage parentéral qui se fabriquent aux USA et qui sont reconnus parmi les plus efficaces et de meilleure qualité.

L’impossibilité d’acquérir des lambeaux tissulaires pour expanseur dermique et donc l’obligation de les rechercher sur des marchés plus lointains et à un coût plus élevé compliquent et prolongent le traitement de garçons et de filles souffrant de brûlures profondes, car cela allonge la durée de l’opération et le séjour en hôpital.

Le service de stimulateurs cardiaques et d’électrophysiologie de l’Institut de cardiologie et de chirurgie cardiovasculaire ne dispose plus de l’appareil de mappage tridimensionnel non fluoroscopique, destiné à étudier les points d’arythmie du cœur humain, parce que la société étasunienne Saint-Jude a cessé de le lui vendre. Ce qui nous interdit de réaliser des interventions de cathétérisme et des traitements d’autre nature pour soigner des arythmies complexes, et nous contraint d’envoyer les patients dans des pays tiers.

Le 6 novembre au soir, le président Obama a raconté la guérison de la petite leucémique Erin Catherine Potter, âgée de huit ans, qui vit à Mentor, dans l’Ohio. Le 28 octobre 2009, j’ai expliqué dans cette même salle que les petits Cubains qui souffrent eux aussi de leucémie lymphoblastique et font un rejet des médicaments habituels, ne peuvent recevoir l’Elspsar, un médicament créé justement pour ces cas d’intolérance, parce que la société Merck and Co. n’a pas le droit de nous le vendre. Ces petits Cubains méritent eux aussi de la compassion et la guérison.

J’ai dénoncé le 26 octobre 2012, toujours dans cette même salle, que nos services ophtalmologiques ne peuvent utiliser la thermothérapie transpupillaire pour soigner le cancer de la rétine (rétinoblastome) et permettre aux enfants de conserver l’œil malade. Depuis, quinze enfants, dont Lianna Aguilera Feria, un an ; María Sánchez Rosales et Rochely Mendoza Rabelo, deux ans ; Erika Rodríguez Villavicencio, Fidel Valdés Márquez, Giovanna Álvarez Torrens et Magdiel Leyva Suárez, trois ans, l’ont perdu parce que l’administration étasunienne interdit à la société Iris Medical Instruments de nous vendre les équipements médicaux nécessaires.

Eu égard à ses objectifs déclarés et à ses effets directs, le blocus appliqué à Cuba constitue un acte de génocide, conformément aux paragraphes b) et c) de l’article 2 de la Convention de Genève pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948). Il constitue une violation massive, flagrante et systématique des droits humains de tout un peuple.

Nous nous opposons catégoriquement aux mesures de coercition unilatérales et aux sanctions économiques qui ne portent préjudice qu’aux êtres humains. Comme l’a affirmé le leader historique de notre Révolution à cette même tribune, « nous voulons un monde sans hégémonismes, sans armes nucléaires, sans interventionnismes, sans racisme, sans haines nationales ni religieuses, sans outrage à la souveraineté d’aucun pays, respectueux de l’indépendance et de l’autodétermination des peuples, sans modèles universels qui ne font aucun cas des traditions et de la culture de tous les composants de l’humanité, sans blocus cruels qui tuent des hommes, des femmes et des enfants, des enfants et des vieillards, telles des bombes atomiques silencieuses ».

Monsieur le Président,

Comme le certifie le rapport du Secrétaire général, les dommages économiques accumulés durant ces plus de cinquante ans, jusqu’en 2011, totalisaient 1,66 billion de dollars, calculés d’une manière rigoureuse et au plus bas à partir de la dépréciation du dollar par rapport à l’or.

N’importe quelle personne sensée peut imaginer le niveau de vie et de développement que nous aurions pu atteindre si nous avions disposé de ces ressources.

Le blocus est l’une des causes principales des problèmes économiques que connaît notre pays et l’obstacle essentiel à son développement économique et social.

Il viole le droit international, il est contraire aux buts et principes de la Charte des Nations Unies et il bafoue le droit à la paix, au développement et à la sécurité d’un État souverain. Il est une agression et une menace  permanente à la stabilité d’un pays. Il est aussi une violation éhontée des normes du commerce international, de la liberté de navigation et des droits souverains des États de par son caractère extraterritorial.

Politique unilatérale, le blocus doit être levé unilatéralement.

Monsieur le Président,

Le peuple étasunien, envers lequel Cuba maintient des sentiments d’amitié et de respect, vient de réélire le président Barack Obama qui a répété des dizaines de fois durant sa campagne qu’il restait « le président du changement » et qu’ « il irait de l’avant ».

Il a maintenant l’occasion d’engager une nouvelle politique envers Cuba, différente de celle que ses prédécesseurs ont suivie pendant plus d’un demi-siècle.

Il aura sûrement du mal et il se heurtera à des gros obstacles, mais il conserve toutefois les facultés constitutionnelles qui lui permettraient, s’il prêtait l’oreille à l’opinion publique, de déclencher la dynamique nécessaire et de prendre des décisions exécutives sans avoir à passer par le Congrès. Ce serait là, assurément, un legs historique.
Il commettrait une lourde erreur de calcul et il rendrait tout encore plus difficile à l’avenir s’il misait sur une nouvelle génération de dirigeants cubains ou sur l’effondrement impossible de notre économie. Ce choix l’inscrirait alors dans l’histoire comme le onzième président à répéter la même faute.

Je réitère ici, au nom du président Raul Castro Ruz, la ferme volonté du gouvernement cubain d’avancer vers la normalisation des relations avec les États-Unis par un dialogue respectueux, sans conditions préalables, sur des bases de réciprocité et d’égalité souveraine, sans amenuisement de notre indépendance et de notre souveraineté.

Je propose ici de nouveau à l’administration étasunienne un ordre du jour pour un dialogue bilatéral, visant à la normalisation des relations et dont les points clefs seraient les suivants : levée du blocus économique, commercial et financier ; retrait de Cuba de la liste arbitraire et illégitime des pays terroristes ; abrogation de la Loi d’ajustement cubain et de la politique dite « pieds secs pieds mouillés » ; compensation pour les dommages économiques et humains ; restitution du territoire occupé par la base navale de Guantánamo ; cessation des agressions radiophoniques et télévisées ; cessation du financement de la subversion interne.

Une composante clef de cet ordre du jour est la libération des cinq militants antiterroristes cubains, cruellement et injustement emprisonnés ou retenus aux États-Unis. Un acte de justice, ou, pour le moins, une solution humanitaire susciterait la gratitude de mon peuple et la réponse de mon gouvernement.

J’offre aussi, à nouveau, au gouvernement étasunien de négocier des accords de coopération dans des domaines présentant le plus grand intérêt mutuel, tels que le combat contre le trafic de drogues, contre le terrorisme et contre la traite d’êtres humains, la régularisation complète des relations migratoires, la prévention et l’atténuation des catastrophes naturelles et la protection de l’environnement et des mers communes. Je propose aussi de reprendre les conversations suspendues unilatéralement par l’autre partie sur des thèmes migratoires et sur le rétablissement du courrier postal.

Excellences,

Messieurs les délégués,

Quoi qu’il en soit, notre peuple défendra ses conquêtes à tout prix, persistera dans ses idéaux, se relèvera des catastrophes naturelles, comme celle qui vient de frapper voilà quelques jours Santiago de Cuba et les provinces de l’Est et du centre de notre pays, et continuera résolument d’actualiser et de développer son socialisme « avec tous et pour le bien de tous ».

C’est donc au nom de ce peuple héroïque, de ses femmes, de ses personnes âgées, que je demande aux gouvernements attachés aux principes de la Charte des Nations Unies et du droit international, comme les normes du système de commerce multilatéral,  le libre-commerce et la liberté de navigation, et refusant l’application extraterritoriale de lois nationales, de voter un fois de plus le projet de résolution figurant au document A/67/L.2 : « Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les Etats-Unis d’Amérique ».

Je vous remercie.

 


http://www.cubavsbloqueo.cu/Default.aspx?tabid=4749

Publié dans Cuba

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