BETHUNE (62) : LA CGT HONORE WANDA MARCINIAK, VEUVE DE MINEUR, POUR SES 50 ANS DE COTISATION
Publié le 10/06/2012 à 03h02
« Si on ne l'arrose pas, elle va rouiller ! » À 85 ans, Wanda Marciniak est toujours pétillante. Jeudi, elle n'a pas hésité à sortir « les bulles » et à « mettre des bigoudis le matin » pour recevoir « monsieur le maire » et sa médaille de cinquante ans de cotisation à la CGT.
PAR DAVID CIERNIAK
bethune@info-artois.fr
C'est Jean-Jacques Rambeau, adjoint au maire et représentant de la section syndicale, qui la lui a offerte. « C'est rare, c'est seulement la 3e fois que je remets ce genre de distinction », souligne-t-il avec un regard plein de tendresse envers Wanda. C'est que l'élu a l'habitude de voir la dame à la fraîcheur déroutante. « Je m'entretiens, glisse-t-elle à voix basse, à la manière dont un enfant livre un secret, je fais du vélo ! » « En additionnant les cotisations de Wanda, celles de son mari et de son père, on a bien 150 années ! », déclare Jean-Jacques Rambeau, accompagné de Jean Clarisse, maire.
« Mon père a commencé, mon mari cotisait alors moi je continue », explique en toute simplicité Wanda. « C'est malheureux de donner des sous mais faut bien si on veut être défendu... Et puis, à mon âge, je ne vais pas arrêter maintenant », estime-t-elle.
Du tiroir de son meuble de salle-à-manger, elle sort un porte-cartes. Un trésor qui ne possède comme seule clé qu'un élastique. Faire sauter ce cadenas de caoutchouc, c'est entrer dans la vie de Wanda. « J'ai tout gardé, les cartes du syndicat de mon père et celles de mon mari. » Les années défilent au fur et à mesure que les timbres syndicaux s'alignent. Pour remonter à 1924. « Je pensais avoir celle de 1923 ! François Krajewski, mon père, est arrivé de Pologne en 1922 pour travailler à la mine, à Marles. Il s'est syndiqué l'année suivante », raconte Wanda. « Puis nous sommes arrivés à Auchy, au 173, rue de Bapaume. En 1951, avec mon mari, qui a travaillé aussi à la mine, nous avons eu cette maison », résume-t-elle. « Je me suis mariée en 1950 mais pendant un an nous avons vécu avec deux autres couples dans une maison.
En ce temps-là, il fallait attendre pour avoir une maison », se souvient Wanda. Les chevalets de la fosse 8 ont disparu de l'horizon de ses fenêtres du boulevard d'Auchy mais elle a conservé un autre souvenir des mines. Un coucou acheté en 1958 lors des vacances au château de La Napoule. Bien accroché au mur, il donne encore de la voix... « mais pas toujours à la bonne heure », sourit Wanda, comme pour excuser l'oiseau en bois.
Les jours coulent ainsi paisibles, à attendre des nouvelles de ses deux filles et trois petits-enfants. Joseph, son mari, est parti en 1997. « Tout ce que je demande, c'est de ne pas payer de loyer ni le médecin », déclare-t-elle.
Mais de sérieuses menaces planent sur le système de secours minier et on craint la fermeture du dispensaire d'Auchy-les-Mines. Alors Wanda continuera à préparer ses 36,50 E de cotisation annuelle pour la CGT. Histoire de se défendre et de discuter aussi un peu avec Jean-Jacques Rambeau.