BRUAY LA BUSSIERE (62) : LES AMIS DE JOSEPH TOURNEL COMMEMORENT CE 13 AVRIL L'INCARCERATION DU NOTAIRE DE BRUAY
jeudi 12.04.2012, 05:01 - La Voix du Nord
Basée au café La Mouffe de Rebreuve-Ranchicourt, l'association Les Amis de Joseph-Tournel a choiside commémorer l'Affaire de Bruay à sa façon. Demain,soit 40 ans jour pour jour après l'arrestation du notaire Pierre Leroy, ses membres seront rassemblés rue de Ranchicourt « pour dénoncer une justice de classes qui encore aujourd'hui sert les intérêts des puissants ». Rencontre avec Jacques Kmieciak, porte-parole du collectif
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PROPOS RECUEILLIS PAR A. DÉTHÉE
PHOTO ÉDOUARD BRIDE
Pourquoi avoir choisi le 13 avril pour commémorer l'Affaire de Bruay-en-Artois ?
« Cela fera précisément 40 ans vendredi que le notaire de Bruay Pierre Leroy, homme lige des puissantes Houillères, a été écroué à Béthune. Notre objectif n'étant pas de faire pleurer dans les chaumières, nous n'avons pas retenu le 6 avril, date de la découverte du corps. Nous voulons au contraire attirer l'attention sur le fait que la justice demeure au service des intérêts des puissants. Voilà pourquoi nous avons choisi ce vendredi 13 pour un rassemblement rue de Ranchicourt... » N'avez-vous pas l'impression de mener un combat d'arrière-garde ?
« Au contraire. Nous pensons que les mineurs ont conservé l'amer sentiment qu'un adversaire de classe a bénéficié d'un principe d'impunité.
Quand Leroy est inculpé d'homicide volontaire en 1972, c'est toute la bourgeoisie locale qui tremble avant de bénéficier de soutiens au plus haut niveau de l'appareil d'État. Alors qu'un an après, ils se sont empressés de mettre le jeune Flahaut en prison... Je ne suis pas convaincu que les choses aient fondamentalement changé depuis. » Vous adoptez délibérément le discours de lutte des classes prôné par les maos de l'époque... « Ce n'est pas pour rien que notre association porte le nom de Joseph Tournel, ancien militant ouvrier du cru qui a été la caution ouvrière de la Gauche prolétarienne (GP). Cette GP a été une synthèse entre ce qu'était l'Union soviétique de l'armée rouge et un anarcho-syndicalisme engagé et militant. Personnellement, je revendique ma filiation avec ce courant de pensée. Notamment en ce qui concerne la défiance que nourrissaient Joseph et les maos à l'égard des partis politiques, des institutions et du régime parlementaire. En ça, nous sommes leurs héritiers. Leur histoire éclaire notre présent. Le patron reste un ennemi de classe et la confrontation directe avec la bourgeoisie la meilleure école... » Le fait que certains anciens de la GP - comme François Ewald, devenu conseiller au MEDEF - aient fait le grand écart, ne vous pose pas question ?
« Je ne jette la pierre à personne. Seuls les acteurs de l'époque pourraient leur reprocher leur revirement. Je pense que leur enthousiasme révolutionnaire était sincère. Nous, en tout cas, nous sommes une vingtaine au sein de l'association et personne ici n'a jamais renié ses convictions. » Quel est l'objet de votre association finalement ?
« Nous menons des recherches sur l'histoire de la Gauche Prolétarienne et des deux figures locales qu'ont été Joseph Tournel et André Théret. Le problème, c'est que la GP était clandestine à l'époque et vivait dans le secret. Nous lançons donc un appel à ceux qui ont un jour été confrontés aux maos et voudraient témoigner, ou nous procurer des archives. Notamment pour comprendre comment le PC appréhendait la GP dans le Bruaysis. Notre but premier reste la lutte contre le capitalisme, le fascisme, l'impérialisme et l'éveil des consciences à l'idée qu'un changement radical de la société est toujours possible aujourd'hui... » •