JEAN LEVY : L'ARGENTINE VA-T-ELLE CONNAITRE, COMME LE CHILI D'ALLENDE, SON " 11 SEPTEMBRE 1973 " ?

Publié le par Tourtaux

Dimanche 24 juin 2012

 

L’Argentine va-t-elle connaître, comme le Chili d’Allende, son « 11 septembre 1973 » ? par Jean LEVY 



L’Argentine va-t-elle connaître, comme le Chili d’Allende, 

son « 11 septembre 1973 » ?

par Jean LEVY



Le Monde, daté des 24 et 25 juin 2012, consacre toute sa page « ECONOMIE » à la situation en Argentine, titrant « Le miracle argentin était en trompe l’œil ».

L’article commence ainsi :

« Planerait-il sur l’Argentine un parfum de ‘déjà vu’ ? Voilà que les « cacerolazos », les tapeurs de casseroles, ont refait leur apparition. »

Complétant le tableau, Claire Gatinois et Christine Legrand, les correspondantes du Monde à Buenos Aires, font état d’une grève des camionneurs, prévue le 27 juin. Et du passage à l’opposition ouverte du leader de la « CGT » argentine…
Le Figaro renchérit : il titre
Début de pénurie d'essence en Argentine

AFP Mis à jour le 21/06/2012


Une grève des camionneurs provoque un début de pénurie d'essence en Argentine et menace d'avoir un impact sur l'industrie et les transports, a annoncé aujourd'hui le ministre du Plan, Julio De Vido. "Une grande partie des stations d'essence en manquent déjà et il peut y avoir des conséquences sur l'industrie", a déclaré M. De Vido lors d'une conférence de presse. "En ce qui concerne les transports publics, dont les trains et les bus, il y a du gasoil jusqu'à samedi", a-t-il précisé.



Justifiant cette soit-disante révolte sociale, les journalistes du Monde l’expliquent par l’ampleur de l’inflation et du mécontentement populaire. « Les Argentins sont de nouveau en colère », écrivent-elles, en référence aux manifestations de masse qui ont conduit, il y a 11 ans, au départ précipité du président Menem, l’homme des Américains, accusé alors d’avoir saccagé le pays au profit du FMI, rebaptisé à cette occasion d’ « International Misery Fund », « Fond de Misère Internationale ».



Le Monde tente l’amalgame entre les deux situations. Or, la présidente Cristina Fernandez de Kirchner, réélue triomphalement le 24 octobre 2011, également au premier tour, avec 53,96 % des voix, au grand dam de Washington, n’a cessé depuis de mener une politique de souveraineté économique, nationalisant divers groupes étrangers occidentaux, Ainsi, la présidente argentine Cristina Kirchner a décidé en avril d'exproprier 51% de YPF, contrôlé par Repsol à 57,4%, la société espagnole de raffinage et les nouvelles dispositions visant les importations argentines.

C’en est trop pour les multinationales.

Cela est si vrai que Le Monde, pour étayer ses informations sur la situation en Argentine, fait appel à des « experts », dont la qualité justifie en tous points notre analyse.

C’est ainsi que le quotidien du soir fait appel au jugement d’économistes de la Deutsche Bank, Gustavo Canonero et Gilles Moëc, qui prétendent que la situation dans le pays s’est considérablement aggravée depuis les troubles qui ont permis l’éviction de Menen, éviction jugée catastrophique pour le pays.

Et c’est pour le « sauver » que Le Monde, le FMI, les Etats-Unis et l’Union européenne décrivent le présent de l’Argentine comme catastrophique, d’où la nécessaire intervention « internationale » au secours d’un peuple présenté comme en révolte

Mais Le Monde vise plus loin.

L'article précise :

"De quoi démythifier le "miracle argentin", que certains économistes ont vanté au point d'en faire exemple à suivre pour la Grèce. Embourbé dans une crise de surendettement mêlée de récession, Athènes, entend-t-on ici ou là aurait tout intérêt à sortir de la zone euro, retourner à la drachme, dévaluer sa monnaie et répudier sa dette. Le pays pourrait ainsi se désendetter et redevenir compétitif par rappor à ses voisins pour faire rebondir ses exportations et engranger ainsi des surplus commerciaux. comme l'Argentine, qui avait, fin 2001, supprimer l'arrimage du peso au dollar afin de dévaluer massivement sa monnaie, tout en suspendant le remboursement de sa dette.

Pourtant, "l'expérience argentine devrait dissuader plutôt qu'encourager" à suivre une telle voie, estiment Mario Blejer, ancien gouverneur de la banque centrale argentine, dans une tribune à l'hebdomadaire britannique The Economist, en février.
Ne serait-ce que parce que le miracle argentin a coûté cher au pays. Très cher. Avant que l'économie ne reparte..."

Et de proposer une image apocalyptique de la situation ainsi créee au pays du tango.

Avis aux amateurs, semble en être la conclusion.

Raison de plus pour les tenants de l'ordre impérialiste de fomenter "un coup" en Argentine, comme dans tant d'autres pays au monde, pour peu que ceux-ci soient réticents à s'aligner sur les directives de Washington et de Bruxelles..



Ainsi, il y a à peine un mois, « canempechepasnicolas » faisait déjà état des menaces de l’Union européenne à l’égard de l’Argentine :

Les Européens ne sont pas contents :

l'Argentine, Etat souverain, n'en fait qu'à sa tête...



Commission européenne

– Communiqué de presse

L’UE conteste les restrictions

à l’importation imposées par l’Argentine

Bruxelles, le 25 mai 2012 – Aujourd’hui, à Genève, l’UE a introduit un recours auprès de l’Organisation mondiale du commerce contre les restrictions à l’importation appliquées par l’Argentine. Dans le cadre des procédures de règlement des différends de l’OMC, l’UE demande l’ouverture de consultations avec l’Argentine, dans une première tentative pour obtenir la levée de ces mesures qui nuisent à ses échanges commerciaux et à ses investissements.

Parmi les mesures restrictives concernées figurent notamment le régime de licences d’importation de l’Argentine et, en particulier, les procédures à suivre pour obtenir une telle licence, ainsi que l’obligation imposée aux entreprises d’équilibrer leurs importations par des exportations.

La demande de consultations constitue une première étape dans le système de règlement des différends de l’OMC.

Si aucune solution n’est trouvée dans un délai de soixante jours, l’UE peut demander la création d’un groupe spécial de l’OMC pour statuer sur la légalité des mesures prises par l’Argentine.

«Les restrictions à l’importation appliquées par l’Argentine violent les règles du commerce international et doivent être supprimées. Ces mesures portent gravement préjudice aux entreprises de l’UE car elles nuisent à l’emploi et à notre économie dans son ensemble», a déclaré le commissaire européen au commerce, Karel De Gucht, avant d’ajouter: «Les conditions des échanges commerciaux et des investissements se détériorent visiblement en Argentine. Cela ne me laisse pas d’autre choix que de contester le régime d’importation protectionniste de l’Argentine pour garantir le respect des règles d’un commerce libre et équitable».

L’UE est vivement préoccupée par les mesures à l’importation de l’Argentine, qui sont contraires aux règles de l’OMC en faveur d’un système de commerce libre, équitable et transparent.



Aujourd’hui, en Argentine, les Occidentaux passent à la phase suivante : la subversion organisée de l’étranger. Avec les mêmes méthodes appliquées par les USA contre le gouvernement Allende, dans les années précédant le putsch du 11 septembre 1973 : sabotage de l’économie argentine, organisation du mécontentement, qualifié de « populaire », division de la majorité présidentielle grâce au concours de leaders en rupture de ban.

La recette a réussie en 1973 au Chili, isolé à l’époque en Amérique latine, Cuba seul avait proposé son aide armé refusée par Salvador Allende. Aujourd’hui, malgré la participation active de l’Union européenne au plan impérialiste du FMI, Buenos Aires n’est plus isolé. Les pays de l’Alba –Venezuela, Equateur, Bolivie avec Cuba -, mais aussi le Brésil, soutiennent l’Argentine et sa bataille pour sa souveraineté.

Mais cela ne suffit pas.

 

La solidarité internationale des peuples doit peser dans la balance et faire échec aux plans de subversion impérialiste.

INFO REPRISE SUR LE SITE DE JEAN LEVY 

Publié dans Les Amériques

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