LA CGT ET SYLVIE ONT GAGNE LE COMBAT POUR L'EGALITE DES SALAIRES CONTRE LA RICHE SNECMA QUI DOIT SORTIR SES LINGOTS. QUE PESENT 41000€ + 208€ DE RALLONGE MENSUELLE AU REGARD DU PREJUDICE SUBI ?
Sylvie a gagné son combat pour l’égalité des salaires
La Snecma devra verser 41000 € à cette employée de 52 ans, moins bien payée que ses collègues masculins. Elle obtient aussi une hausse de salaire mensuel de 208 €.
Julien Heyligen | Publié le 12.07.2012, 05h02
Sept ans d’une âpre bataille juridique pour une victoire douce-amère. « J’ai gagné, mais j’ai toujours un peu de haine au fond de moi », souffle Sylvie Men, 52 ans, technicienne en gestion de production. La CGT a révélé hier que la Cour de cassation venait de reconnaître la différence de salaire entre cette employée de l’usine de fabrication de moteurs Snecma de Corbeil-Essonnes et ses collègues masculins. Son employeur devra lui verser 41000 € de préjudice pour l’ensemble de sa carrière, entamée le 7 juillet 1980. Sylvie obtient également un coefficient supérieur dans la grille des salaires et 208 € mensuels d’augmentation. « Nous ne commentons pas une décision de justice », réagissait laconiquement la Snecma, hier.
Cet épilogue heureux ne masque pas les douleurs de l’épuisant combat de Sylvie. « J’ai trinqué », glisse-t-elle pudiquement. Ce sont quelques collègues masculins, ses « potes », qui en parlent le mieux. Ils évoquent « le machisme », « l’arrogance des petits chefs » et « les rapports diffamatoires remis au juge pour salir une personne ». A la cour d’appel, Sylvie entend dans la bouche de l’avocate de la Snecma — « une femme… » s’indigne-t-elle — qu’elle n’a pas « à se plaindre » et « gagne mieux sa vie qu’une caissière ». « Il y en a eu, des pleurs! » sourit aujourd’hui Sylvie.
C’est en 2005 qu’elle se lance dans la bataille avec sept autres femmes salariées. Certaine sont syndiquées, d’autres non. La CGT les appuie toutes. « Nous ouvrons des portes, nous finançons les dossiers », explique Dominique Rémond, élue du syndicat et pionnière du mouvement. Car depuis 2003, les négociations avec la direction sur l’égalité des salaires n’aboutissent qu’à quelques petites rallonges. Alors la voie juridique s’impose. Sept ans plus tard, elles ne sont plus que trois. « La pression était énorme. Il fallait être costaud », reconnaît Sylvie.
Ses deux amies encore en procès, dont une est partie à la retraite, attendent une réponse pour la rentrée. Avec, toujours, une difficulté majeure : prouver la discrimination. « La direction n’a jamais communiqué les éléments de salaire », déplore Olivier Gauthier, secrétaire CGT.
Alors les plaignantes se sont débrouillées pour trouver un collègue compréhensif, de mêmes qualifications et ancienneté qu’elles et qui soit d’accord pour dévoiler ses bulletins. Sylvie a trouvé sa perle rare. Il gagne 208 € de plus qu’elle. « Je l’en remercie. Rien ne l’y obligeait. Il y en a auxquels je n’aurais jamais demandé », reconnaît-elle.
Aujourd’hui, Sylvie épaule son amie de galère, Elisabeth, toujours en cassation. Cette dernière s’occupe de la maintenance des machines. « La mécanique, c’est ma passion. J’ai fait les études pour. En arrivant, j’ai entendu des phrases comme :Tu te rends compte, tu vas avoir les mains sales,ou alors on m’expliquait quel boulon dévisser. Aujourd’hui encore, je suis obligée de mettre régulièrement les points sur les i », raconte Sylvie. Au maniement des machines, sur 830 ouvriers, la Snecma compte, selon la CGT… 2 femmes.
Il reste « beaucoup à faire », constate Dominique Rémond. « Nous espérons que cette victoire va pousser les autres femmes à se mobiliser. Nous avons ouvert une brèche. Même si la direction fait un peu plus attention avec les nouvelles embauches », poursuit-elle. Un seul regret, la retraite de Sylvie ne sera pas revue. « Je vais placer les 41000 €, avance-t-elle. Je vais faire attention. Je n’ai pas gagné au Loto. C’est simplement une question de justice. »
Cet épilogue heureux ne masque pas les douleurs de l’épuisant combat de Sylvie. « J’ai trinqué », glisse-t-elle pudiquement. Ce sont quelques collègues masculins, ses « potes », qui en parlent le mieux. Ils évoquent « le machisme », « l’arrogance des petits chefs » et « les rapports diffamatoires remis au juge pour salir une personne ». A la cour d’appel, Sylvie entend dans la bouche de l’avocate de la Snecma — « une femme… » s’indigne-t-elle — qu’elle n’a pas « à se plaindre » et « gagne mieux sa vie qu’une caissière ». « Il y en a eu, des pleurs! » sourit aujourd’hui Sylvie.
C’est en 2005 qu’elle se lance dans la bataille avec sept autres femmes salariées. Certaine sont syndiquées, d’autres non. La CGT les appuie toutes. « Nous ouvrons des portes, nous finançons les dossiers », explique Dominique Rémond, élue du syndicat et pionnière du mouvement. Car depuis 2003, les négociations avec la direction sur l’égalité des salaires n’aboutissent qu’à quelques petites rallonges. Alors la voie juridique s’impose. Sept ans plus tard, elles ne sont plus que trois. « La pression était énorme. Il fallait être costaud », reconnaît Sylvie.
Ses deux amies encore en procès, dont une est partie à la retraite, attendent une réponse pour la rentrée. Avec, toujours, une difficulté majeure : prouver la discrimination. « La direction n’a jamais communiqué les éléments de salaire », déplore Olivier Gauthier, secrétaire CGT.
Alors les plaignantes se sont débrouillées pour trouver un collègue compréhensif, de mêmes qualifications et ancienneté qu’elles et qui soit d’accord pour dévoiler ses bulletins. Sylvie a trouvé sa perle rare. Il gagne 208 € de plus qu’elle. « Je l’en remercie. Rien ne l’y obligeait. Il y en a auxquels je n’aurais jamais demandé », reconnaît-elle.
Aujourd’hui, Sylvie épaule son amie de galère, Elisabeth, toujours en cassation. Cette dernière s’occupe de la maintenance des machines. « La mécanique, c’est ma passion. J’ai fait les études pour. En arrivant, j’ai entendu des phrases comme :Tu te rends compte, tu vas avoir les mains sales,ou alors on m’expliquait quel boulon dévisser. Aujourd’hui encore, je suis obligée de mettre régulièrement les points sur les i », raconte Sylvie. Au maniement des machines, sur 830 ouvriers, la Snecma compte, selon la CGT… 2 femmes.
Il reste « beaucoup à faire », constate Dominique Rémond. « Nous espérons que cette victoire va pousser les autres femmes à se mobiliser. Nous avons ouvert une brèche. Même si la direction fait un peu plus attention avec les nouvelles embauches », poursuit-elle. Un seul regret, la retraite de Sylvie ne sera pas revue. « Je vais placer les 41000 €, avance-t-elle. Je vais faire attention. Je n’ai pas gagné au Loto. C’est simplement une question de justice. »
Le Parisien