NORD - PAS DE CALAIS : DISPARITION DE MARCEL BARROIS, FIGURE EMBLEMATIQUE DE LA CGT DES MINEURS
Marcel Barrois, figure emblématique de la CGT des mineurs, s'est éteint
Publié le mercredi 11 juillet 2012 à 06h00 - CÉLINE DEBETTE > celine.debette@nordeclair.fr
Marcel Barrois n'a jamais cessé de se battre pour la défense des gueules noires.Photo Archives/Hubert Van Maele Pilier de la Maison syndicale de Lens après avoir mené toutes les luttes sociales des travailleurs du fond, Marcel Barrois est décédé dans la nuit de lundi à mardi à la polyclinique de Liévin. Il avait 86 ans.
Bien que physiquement affaibli depuis deux ans, suite à de sérieux soucis de santé, Marcel Barrois se rendait tous les matins à la Maison syndicale de Lens. C'est là, dans ce haut lieu centenaire des luttes sociales de la région classé à l'inventaire des Monuments historiques, qu'il avait installé le siège de Mémoires et Cultures, émanation de l'association mai-juin 1941 dont il a soufflé les 20 bougies en novembre dernier.
« C'était une de ses raisons de vivre, sa passion, témoigne Louis Bembenek, secrétaire général de la CGT des mineurs. Et aujourd'hui, c'est une page de l'histoire qui se tourne avec le décès de ce grand monsieur qui a marqué de son empreinte le syndicat des mineurs. » Profondément touché par la disparition de « cet ami » auprès duquel il a « beaucoup appris », André Dubuc, directeur du Centre historique minier de Lewarde, a salué le courage de « celui qui a travaillé à la valorisation, de façon très humaine, de la mémoire de la corporation des mineurs tout en continuant à lutter pour leurs droits ».
Né à Sains-en-Gohelle, entre Lens et Bruay-la-Buissière, Marcel Barrois avait rejoint son père à la fosse 7 de Barlin dès l'âge de 14 ans. Comme de nombreux enfants de gueules noires du Nord - Pas-de-Calais.
À la seule exception que ce fils de militant communiste et syndicaliste s'est très vite engagé, occupant même des postes à responsabilité au sein de la CGT. Il a donc été de tous les combats et plus particulièrement à la tête de la grève de 1963 qu'il a menée aux côtés de Léon Delfosse et Henri Martel. Lui qui, une vingtaine d'années plus tôt alors qu'il était jeune galibot, avait senti souffler le vent de la révolte contre l'occupation allemande dans les corons et sur les carreaux. Les prémices des grèves patriotiques du printemps 1941, un mouvement mal connu et pourtant précurseur de la Résistance en France. Afin de donner « une résonance à cet événement historique, longtemps étouffé, déformé et édulcoré en simple action revendicative », comme il le déplorait, il avait consacré une riche exposition à l'occasion du 70e anniversaire de cet événement qui a vu 1 400 mineurs arrêtés, fusillés, décapités à la guillotine ou morts sous la torture dans les prisons. Sans compter la centaine expédiés vers les camps de concentration.
L'union régionale des mineurs CGT et la Maison syndicale de Lens sont désormais orphelines. Dans la nuit de lundi à mardi, le coeur de Marcel Barrois, qui battait toujours avec la même ferveur pour la sauvegarde et la transmission des trésors de la mine, s'est arrêté à la polyclinique de Liévin où il était hospitalisé depuis une dizaine de jours. Ses funérailles auront lieu vendredi, à 15 h, au cimetière est de Lens. Ceux qui souhaitent lui rendre un dernier hommage peuvent se rendre au funérarium de Liévin dès aujourd'hui, ou laisser un petit mot dans le livre d'or qui sera mis à disposition dans la Maison syndicale, rue Casimir Beugnet, exceptionnellement ouverte de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h.w