LA justice ROULE POUR LE MEDEF : NON AU TRAVAIL LA NUIT, NON AU TRAVAIL LE DIMANCHE, EXIGENCE D'UNE AUGMENTATION SUBSTANTIELLE DES SALAIRES !

Publié le par Tourtaux

Non aux nuits, non aux dimanches,

augmentez les salaires ! 



La polémique sur le travail de nuit et le travail du dimanche, lancée à grand renfort de « sondages » parfois contradictoires, de touristes chinois qui doivent s’équiper d’une tronçonneuse ou d’un fer à souder, de « manifestations de salariés » encadrés par les cadres et équipés de calicots maison, d’annonces martelées à la télé, dans la presse et sur internet, ne vise pas que certaines grandes surfaces, magasins de bricolage, etc. L’ampleur que prend cette propagande montre qu’il ne s’agit ni d’un sujet local ni d’un sujet mineur, et son premier effet est d’enfoncer un coin entre les salariés. 

Ceux-ci et leurs représentants syndicaux se défendent sur le terrain juridique, mais on sait que la loi peut facilement être tournée à l’aide de dérogations. Par conséquent l’objectif ainsi visé ne concerne pas quelques magasins mais déjà l’ensemble du secteur commercial et des services. 

L’argument invoqué de la « liberté » des salariés est particulièrement cynique puisque c’est la contrainte des bas salaires qui les oblige à boucher les trous dans leur budget en acceptant des heures supplémentaires. 
Le prétexte des études hors de prix à financer rappelle surtout qu’elles devraient être gratuites. 
On sait aussi ce que pèse le « volontariat » face aux pressions individuelles et on devine la galère que représentent ces horaires tout particulièrement pour les femmes seules devant élever leurs enfants. 

Les salariés qui souhaitent cette extension se leurrent en croyant que les maigres avantages qu’ils en tirent seront éternels « parce que ça n’a pas changé jusqu’ici » . 
On comprend facilement que la généralisation de l’ouverture 24h sur 24 et 7 jours sur 7 dans ce secteur sert ensuite à généraliser, puis à banaliser le travail du week-end et le travail de nuit pour l’ensemble du salariat, dès lors que ce roulement permet au patronat d’augmenter la productivité ou le rendement . 
A terme, et de la même façon que le « travail aux pièces » accélérait les cadences dès qu’elles étaient atteintes, la banalisation parvenue à un certain point des horaires décalés, de jour comme de nuit et du lundi au lundi, annule leur caractère exceptionnel et le supplément de salaire ou les compensations correspondantes . 
Ainsi ces salariés se nuisent à eux-mêmes et à plus forte raison à ceux qui n’ont rien demandé. 

Nous ne pouvons pas compter sur la protection de la loi ni sur la bienveillance de l’Etat. Nous devrions répondre à la propagande de Gattaz et Cie en élevant la voix, à l’aide de notre organisation syndicale et par tous les moyens dont nous disposons : mails, internet, pétitions et bouche à oreille. 
Il faut augmenter les salaires ! 


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Cet article diffusé le 7 octobre dans un cadre syndical et local se trouve entièrement confirmé par la récente autorisation d'ouverture le dimanche pour Conforama et Leroy Merlin. 
Il s'avère que la lutte syndicale ne peut pas se résumer à l'action juridique et que la loi bourgeoise concernant la réglementation du Travail peut être abolie au terme d'une intense campagne de presse directement organisée par les monopoles capitalistes, assortie de pseudos "manifestations populaires". 

On remarque également que la prétendue "séparation des pouvoirs" de la démocratie bourgeoise sert ici d'alibi pour exercer la dictature capitaliste sans impliquer la responsabilité du gouvernement. 

On doit aussi constater que l'actuelle direction de la CGT n'est pas davantage à l'offensive contre le travail du dimanche et de nuit que contre la réforme des retraites des socialistes et contre l'ANI. 
Cette passivité évidente, particulièrement au niveau national, implique de redoubler d'efforts dans la lutte économique, alors que le Medef, la droite et la gauche collaborent pour aggraver le sort de la classe ouvrière et de l'ensemble des salariés exploités. 


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Je cite l’article de Gérard Filoche dans le 
Nouvel Obs pour les indications techniques qu'il donne, même si l'abolition du travail du dimanche n'abolit pas le chômage et s'il épingle à peine l'hypocrisie de son propre parti : 


Castorama et Leroy-Merlin autorisés à ouvrir le dimanche : une forme de vandalisme social 

Publié le 29-10-2013 
Par Gérard Filoche 
Membre du bureau national du PS 

Castorama et Leroy-Merlin pourront rouvrir le dimanche. La cour d'appel de Paris a autorisé, mardi 29 octobre, les deux enseignes de bricolage à ouvrir leurs magasins franciliens, infirmant la décision de première instance. Un recul social grave, pour le socialiste Gérard Filoche, membre du bureau national du PS et ancien inspecteur du travail. 

"Le combat de 2012, c’est de préserver le principe du repos dominical, c’est-à-dire de permettre aux travailleurs de consacrer un jour de leur semaine à leur famille, au sport, à la culture, à la liberté. Et j’y veillerai !" François Hollande, le 17 avril 2012 à Lille. 

Faire travailler des femmes pauvres et précaires le dimanche ? Depuis quand les juges tranchent contradictoirement sur la question du travail du dimanche (et de nuit) ? Cela est la conséquence de l'offensive que Xavier Bertrand et Luc Châtel ont impulsé pour la suppression du principe de repos dominical, et de Sarkozy et de l’UMP qui ont fait voter la loi Maillé qui visait déjà à remplacer la civilisation du loisir par la civilisation du caddie. 

Sarkozy, pour mieux déréglementer la durée du travail, s’était attaqué à nos dimanches. C’est sa loi qui est en vigueur et qui réglemente le travail du dimanche et les ouvertures exceptionnelles de magasins ces dernières années. Et c’est d’après cette loi et ses applications versatiles que tantôt des juges les confirment ou infirment des dérogations administratives au principe toujours légal du repos dominical. 

La logique économique prévaut sur l'impact social 

L'Organisation internationale du travail (OIT) a rappelé la France à ses obligations de repos hebdomadaire. Si les juges ont des doutes, ils devraient se référer aux conventions internationales que la France a signé à l’OIT : cette dernière a déjà épinglé la France sur le travail dominical, estimant que la hausse des dérogations au repos hebdomadaire obéit à des "préoccupations économiques" sans prendre en compte l'"impact" social pour les salariés. 

La commission d'experts de l'OIT pour l'application des conventions et des recommandations avait ainsi constaté "l'élargissement progressif des dérogations autorisées par la législation à ce principe". Rappelant que le travail du dimanche concernait près de 6,5 millions de salariés en 2008 selon une étude publiée en 2009 par le département statistique du ministère français de l'Emploi (Dares), les experts de l'OIT estimaient dès 2011 que ces données étaient "loin d'être négligeables". 

Selon la commission, "ce qui reste à démontrer est l'impossibilité d'appliquer le régime normal de repos hebdomadaire qui rendrait nécessaire le recours au travail dominical". L'OIT pointait notamment le cas de l'ouverture dominical des magasins d'ameublement pour souligner que la dérogation au repos hebdomadaire répondait "à des préoccupations économiques, liées à la concurrence et aux souhaits des consommateurs". 

"Les considérations sociales, quant à elles, à savoir l'impact de cette dérogation sur les travailleurs concernés et leurs familles, ne paraissent pas avoir été prises en compte ou en tout cas pas au même titre que les considérations économiques" . 

En conséquence, la commission de l'OIT demandait au gouvernement français "de poursuivre l'examen avec les partenaires sociaux" de la nouvelle législation sur le travail dominical "sur le plan pratique, en tenant compte des considérations tant sociales qu'économiques". 

Un intense travail de lobbying 

Le Medef mène la bataille depuis sa création pour déréguler la semaine de travail. Le Medef et le patronat des grandes surfaces n’ont pourtant pas cessé de violer la loi et, depuis 20 ans, ils continuent de faire du lobbying pour ouvrir le dimanche… et la nuit. Même contre la loi Sarkozy-Maillé. 

Les Monop’ ou le BHV poussent pour ouvrir jusqu’à 22h, et, s’ils obtiennent satisfaction, ils pousseront pour ouvrir toute la nuit. Les chaines type Leroy Merlin contreviennent à la loi chaque dimanche depuis de longues années. Il y a va de la vie de 4 à 6,5 millions de salariés du commerce et assimilés. 

Une nouvelle offensive, la dixième depuis 20 ans, a surgi en septembre dernier avec la chaîne de parfums Sephora qui a manipulé quelques-uns de ses salariés pour vendre la nuit ! (sic) L'enseigne a organisé une pseudo pétition de ses salariés autour d’une militante de l’UMP. Bien entendu, les salariés qui l'ont signé ne voulaient pas travailler la nuit, ils voulaient la majoration de salaire accordée la nuit ! 

D'ailleurs, l'initiatrice de la pétition, travaille, elle, au service achat. Et quiconque connait le régime interne de Sephora sait qu'une pétition signée par 101 salariés dans les magasins éparpillés ne peut exister sans appui du patronat. Inouï : Sephora est allé jusqu’à pousser ses salariés à "attaquer les syndicats" qui défendaient la loi. Et les grands médias d’enfourcher à fond le "buzz" là-dessus. 

Hélas, les salariés ne perçoivent pas que, si tous les magasins étaient ouverts la nuit, ils perdraient la modeste majoration "exceptionnelle" qui leur est donnée. Souvent limitée à 30%, parfois 50%, très rarement 100%, celle-ci est due au caractère exceptionnel de l’ouverture, elle sera remise en cause s’il y a généralisation. 

Le volontariat n'existe pas 

Le consentement d'un salarié à l'exploitation illégale qu'il subit ne donne aucune légitimité à cette exploitation. Le Conseil d’État a toujours refusé de considérer que l’accord des salariés au travail du dimanche était un argument pour les patrons. En droit du travail, le contrat se définit comme un "lien de subordination juridique permanent". 

Il n’y a pas de volontariat, c’est l’employeur seul qui décide du travail du dimanche ou de nuit, et qui verse ou pas la prime. J’ai vu des juges du tribunal d’instance de Paris qui refusaient d’entendre des salariés en audience lorsque ceux-ci étaient "cités" comme témoin par leur employeur en faveur du travail du dimanche. Ils ne peuvent prêter serment car ils sont dépendants du patron. Ce seront donc des femmes pauvres et précaires qui finiront par travailler le dimanche. 

Le Medef s’est fait le défenseur mensonger des entreprises, des salariés et des consommateurs. Mais les petites entreprises n’ont pas intérêt à l’ouverture, car elles périront. Les salariés n’ont pas intérêt à se faire exploiter jour et nuit et le dimanche car ils y souffriront et sans aucun avantage à la fin. Les consommateurs usagers finiront par être forcés de payer les plages d’ouverture plus longues, sans avoir davantage de sous dans leurs portefeuilles pour acheter plus. 

C’est une forme de vandalisme social que de vouloir casser le repos dominical : celui-ci, collectif, est structurant socialement, tant pour la famille que la vie citoyenne, les loisirs, la vie associative, culturelle, sportive, et religieuse, etc. 

Le progrès véritable serait d'imposer deux jours de repos hebdomadaires pour tous. Pas de supprimer le seul qui existe. Certes, dans les secteurs de la santé, des transports, de certaines industries à feu continu et commerces précis (alimentation), des activités culturelles, le travail le dimanche s'impose. Mais la volonté doit être de limiter et non d'étendre ces cas. 

Rétablissons la semaine de 5 jours 

Pourquoi achèterait-on des fringues, des meubles, des outils ou autres produits non urgents le dimanche alors qu’on pourrait le faire le vendredi ou le lundi si les durées du travail réelles se rapprochaient vraiment des 35 heures ? 

Certains patrons ouvrent déjà, dit-on. Et auraient un bon chiffre d'affaire. Mais ce sont des contrevenants ! Sur environ 700.000 commerces, il y aurait 22.000 ouvertures autorisées, et quelques milliers de plus en fraude. Ceux-ci ne peuvent se prévaloir de leur turpitude et doivent être sanctionnés. Actuellement, 5% des Français travaillent régulièrement le dimanche, et 20% épisodiquement. Le système actuel oscille de façon équilibrée entre fermeté (interdiction) et souplesse (dérogations contrôlées). 

L’offensive de la droite pour forcer au travail le dimanche s’appuie sur des "promesses" de compensation salariale. Certes, les salaires sont beaucoup trop bas et il faut les augmenter. Mais pas en dégradant les conditions de repos. 

On nous dit que l'objectif est de stimuler le commerce. C’est stupide, cela fera disparaître des emplois. Le pouvoir d’achat n’étant pas extensible, ce qui sera acheté le dimanche ne le sera pas les autres jours. Ce qui est vendu dimanche ne l'est pas lundi. L'emploi du dimanche est chômage le lundi. 

Les sondages sérieux sont clairs : bon an mal an, 85% des Français se prononcent contre le fait de travailler eux-mêmes le dimanche. Infirmières ou traminots souffrent déjà pour obtenir dans les plannings surchargés, une fois toutes les 5 ou 6 semaines, un dimanche en famille… Pourquoi faire subir cela aux autres, quand ce n’est pas nécessaire ? 

Défendons le droit au repos dominical adopté à l’unanimité par l’Assemblée nationale en 1906. Mieux : revendiquons le rétablissement de la semaine de cinq jours, avec deux jours de repos consécutifs légaux pour tous. On travaillera mieux… pour travailler tous.

 

http://humaniterouge.alloforum.com/

Publié dans Lutte des classes

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