LETTRE DE CUBA, PAR MURIEL DICHAMP DEPUIS LA HAVANE : DU TEMPS DE BATTISTA

Publié le par Tourtaux

Transmls par Muriel Dichamp

 

LETTRE DE CUBA, par Muriel Dichamp depuis la Havane

 

DU TEMPS DE BATISTA

 

Milagros Figueroa Evans a vécu sous la tyrannie de Fulgencio Batista. Elle vivait à Marianao, une municipalité de La Havane et même si elle était jeune, elle se souvient avec effroi de cette époque. Elle aussi, sans hésiter, à accepter de répondre à mes questions.

 

Muriel : Vous avez vécu du temps de Batista. Pouvez-vous me décrire la vie quotidienne du peuple cubain à cette époque ?

Milagros : Nous vivions dans une terreur constante. C'était une époque sanglante, de souffrance. Lorsqu'une personne sortait dans la rue, la famille ne savait pas si elle reviendrait vivante ou morte. Il suffisait de croiser un policier, et sans l'avoir regardé, ni lui avoir adressé la parole, mais seulement selon son humeur, il pouvait vous tuer. Le peuple n'avait aucun droit. Nous vivions pour beaucoup sans travail, et pour tous dans la crainte, la misère, la faim. Nombreux étaient ceux qui n'avaient pas de toit, avec des enfants en haillons, sans chaussures, qui cherchaient de quoi manger.  Au sanguinaire Batista, s'ajoutait la présence étasunienne. Cuba était la cour récréative des Nord-américains. Lorsqu'ils entraient dans les maisons, les fillettes, les jeunes filles et les femmes se cachaient pour ne pas être violées. Comme toujours les femmes et les enfants sont les proies des agresseurs. Les femmes étaient dans leur majorité domestiques ou prostituées. Notre lot à tous, c'était l'angoisse et la misère.

Muriel : En ce qui vous concerne personnellement, avez-vous un  souvenir qui vous a particulièrement marqué ?

Milagros : Un cousin et une tante étaient dans la lutte clandestine. Ils avaient été obligés de fuir leur province et ils se cachaient chez nous. Chaque jour,  nous redoutions qu'ils soient découverts, arrêtés et tués. J'avais aussi une amie qui a été domestique, et de ce fait, elle n'avait plus le droit de fréquenter ses amies. La peur de perdre des membres de ma famille et l'injustice m'ont marquée.

Muriel : Qu'avez-vous pensé lorsque vous avez eu connaissance de l'attaque de la caserne Moncada, le 26 juillet 1953,  par un groupe de révolutionnaires avec à sa tête Fidel, et de leur échec ?

Milagros : Le peuple avait une grande confiance en Fidel. Mais après l'échec de la Moncada, nous avons vécu une oppression plus forte. Plus de répression, de crimes, de tortures, de disparitions, de menaces et de mensonges. Cependant, l'espoir en Fidel et en un futur meilleur ne nous ont jamais quittés.

Muriel : Fidel a été arrêté. Que disaient les Cubains à propos de son jugement et de celui  de ses compañeros ?

Milagros : Fidel était avocat et nous étions fiers que d'accusé, Fidel se soit transformé en accusateur, qu'il ait assumé sa propre défense et celle de ses compañeros dans sa robe d'avocat. Vous connaissez sa  plaidoirie : «  L'Histoire m'acquittera ». Mais il ne pouvait pas y avoir de manifestation de soutien dans la rue à cause de la répression sanglante.

Muriel : De novembre 1956 au 1er janvier 1959, date du triomphe de la Révolution, Fidel et ses compañeros ont lutté sur le territoire cubain après avoir débarqué du yacht Granma dans l'Oriente. Que pensait le peuple cubain?

Milagros : La majorité du peuple travaillait clandestinement pour la Révolution. Nous étions très unis, fidèles au concept de Marti.  Après l'exil de Fidel, nous avons continué à nous organiser, recueillir de l'argent, des armes, pendant que Fidel, Raúl, El Che, et tant d'autres préparaient la lutte armée au Mexique.  Le peuple croyait en Fidel. Et voyez aujourd'hui où il a conduit notre petit pays pauvre et sans ressources naturelles.  Imaginez si notre pays était riche... Le peuple cubain a accès à la santé gratuite, à l'éducation, la culture, le sport. Nous sommes libres et souverains et nous aidons de nombreux pays, surtout en Afrique. C'est la Révolution internationaliste de Fidel : elle partage, elle n'abandonne jamais ses enfants.

Publié dans Cuba

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