LIBERTES SYNDICALES : NOUS SOMMES TOUS DES PHILIPHE GALANO !
Social-Eco - le 20 Mars 2011
Ancien délégué CGT, Philippe Galano refuse un prélèvement ADN. Il comparaissait jeudi au tribunal de Perpignan. Jugement le 6 avril.
Philippe Galano a de bonnes chances d’éviter la prison. Jeudi, le procureur Albouy a requis une amende de 3 000 euros, dont la moitié avec sursis, mais pas de peine de détention. Philippe Galano était convoqué au tribunal de Perpignan pour avoir refusé de se soumettre à un prélèvement ADN désormais prévu par la loi pour un grand nombre de personnes ayant fait l’objet d’une condamnation. « Pourquoi faudrait-il qu’un syndicaliste se retrouve sur un fichier ADN ? », demande Philippe Galano.
Pour l’ancien délégué CGT des Autoroutes du Sud de la France (ASF), il faut remonter à l’origine de l’affaire. Avant l’audience, dans la manifestation jusqu’au palais de justice, Philippe Galano a rappelé les faits : le 3 juin 2003, la CGT luttait contre la privatisation des ASF et les salariés envahirent les bureaux de la direction. Parmi eux, Philippe Galano, condamné en appel en 2009 pour « séquestration » des dirigeants de l’entreprise : trois mois de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende.
Ce retour aux origines de l’affaire, Philippe Galano l’entreprend aussi à l’intérieur du tribunal : « Le 3 juin 2003, j’étais dans mon rôle de délégué syndical. » Car c’est bien le syndicaliste, insiste-t-il, qui a été condamné et il est hors de question que les syndicalistes soient fichés comme des braqueurs ou des délinquants sexuels.
Le procureur Albouy ne tient pas le même raisonnement : « Si chacun s’estime supérieur à la loi, c’est extrêmement dangereux. Que dirait Monsieur Galano à quelqu’un qui désobéirait pour des motivations opposées aux siennes ? La loi est la même pour tous, il faut l’appliquer. »
L’avocate de Philippe Galano, Me Corinne Sarfati, méthodique et rigoureuse, a plaidé sur le fond et la forme. Le fond : « Philippe Galano n’exprime pas une opinion, il exprime une liberté syndicale reconnue par la Constitution. Appliquer la loi, mais dans le cadre des libertés constitutionnelles. Sinon on aboutirait à un fichier de syndicalistes. Et ça, c’est inacceptable dans une démocratie. »
Sur la forme : « Pour savoir si Philippe Galano a été condamné précédemment, il faut l’arrêt de la cour d’appel de Montpellier, le casier judiciaire ne suffit pas. Or cette pièce n’a pas été versée au dossier par l’accusation. Le tribunal n’a donc pas les moyens de juger, il n’a même pas à aborder le fond. »
Le jugement sera rendu le 6 avril. « On a tout intérêt à porter cette affaire au plus haut niveau pour qu’aucun syndicaliste puisse être inquiété, estime à la sortie du tribunal Philippe Galano. Je demande la relaxe. Sinon, on criminalise le mouvement syndical. » Nicolas Garcia, secrétaire de la fédération PCF des Pyrénées Orientales, remarque : « La loi prévoit d’inscrire sur le fichier ADN les syndicalistes mais pas ceux qui ont commis des délits financiers ! » Pilou Place, secrétaire départemental CGT, juge positive la mobilisation autour de Philippe Galano : « Nous avons posé une pierre dans la reconquête des libertés syndicales. »
Perpignan, correspondance.